[Chronique] La hache d’Alain Gerber

Nombre de tomes : /
Genre : Historique
Edition : Ramsay
Date de sortie : 10 avril 2019
Edition : paperback
Pages :  288 pages
Ma Note : ★★★★★
Où le trouver : Cliquer sur l’image ci-dessus

Un sous-lieutenant français se trouve affecté avec trois autres soldats dans la zone occupée par l’armée d’un pays imaginaire qu’on imagine être situé en Europe de l’Est, sans doute de confession orthodoxe, peut-être la Serbie, car il y a un pope au village. Il est logé dans une ferme où habite un fermier, sa femme et sa fille adolescente. Un crime de guerre a eu lieu dans cette région, mais on ignore quels en sont les coupables. L’officier passe son séjour entre l’ennui de cet exil, dans un lieu peu hospitalier, avec les locaux dont il ne parle pas la langue, et les soldats placés sous ses ordres avec lesquels il n’a rien de commun. Un jeu de séduction s’instaure avec la jeune fille qui l’observe en cachette lorsqu’il prend son bain, bien vite interrompu par le père qui, pour couper son bois, manie une hache au fer étincelant. Peu à peu, se révèle la vérité sur ce qui s’est passé dans ce village, avec la découverte d’un charnier. Comme toujours chez Alain Gerber, l’intrigue a moins d’importance que la psychologie extrêmement subtile des personnages, la narration jouant sur les non-dits, les ellipses, les silences. Rien n’est clairement révélé, tout est suggéré, laissant au lecteur le soin de combler les vides du récit. Tout cela servi par une écriture belle et limpide, servie par un style inimitable.

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Un grand merci aux éditions Ramsay et plus particulièrement Christophe Matho pour l’envoi surprise de ce roman.

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Il m’a fallu digérer la lecture de ce roman avant de pouvoir en écrire la chronique. Habituellement j’écris la chronique au chaud, dans la foulée de la journée où j’ai terminé le livre. Avec La hache, il m’a fallu un temps pour assimiler les 288 pages du récit que nous propose Alain Gerber.

Les livres de cette collection sont très particuliers, en effet tout comme les confrères de La hache, Corps fantômes, Les eaux douces d’Europe et L’assassinat du patriarche, on y retrouve un ton vraiment singulier, très différent de ce que j’ai pu lire auparavant et j’ai l’impression que le ton est assez lunaire. Les quatre romans ont ce point commun, bien que n’ayant pas les mêmes auteurs, cette écriture très poétique et avec beaucoup de réflexion sur les gens et le monde qui nous entoure.

Dans La hache, bien qu’il y ait une histoire on explore surtout les sentiments des personnages et plus particulièrement du sous-lieutenant français en poste, dans un pays dont ne sait pas grand chose. On ne sait rien de la mission qu’ont ces hommes si ce n’est de veiller sur un lieu.

Bien que l’univers nous soit très mystérieux, rien ne nous sera caché de ce que pense cet homme, à propos de la famille de fermiers dont ils occupent la grange, de ses hommes, du village, de sa propre vie. Ils trompent tous l’ennui dans des réflexions qui tournent à l’obsession, en attendant le dégel de la terre ce paysan étranger qui est l’heureux propriétaire d’une hache qui a contribué à des événements atroces.

On ne peut pas dire que j’ai apprécié cette lecture cela dit, l’univers militaire m’horripile et l’ambiance morne et glauque m’a filé des frissons et pourtant je ne peux pas dire que j’ai détesté. En tout cas c’était définitivement une lecture bien étrange !!

Les citations de La hache

Ailleurs, il ferait un sale temps : ici, c’est le temps qui fait ça allait. L’hiver n’est plus une saison, plus un climat : on dirait un genre de crasse, un peu gluante. On dirait qu’on a lancé un saut d’eaux usées sur le paysage à l’instant il s’éveilla d’une mauvaise nuit.

Voilà un être grossier dans la nuance est le point fort, lorsqu’il s’agit de vous causer du tort. Rien que par le sourire béat qu’il affiche en dormant (ou en faisant semblant de dormir fin de la parenthèse, il a le pouvoir de vous saper le moral.

 

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