[Chronique] Génération figée de Jeremy Wegmann

Nombre de tomes : / 
Genre : Science-fiction
Edition : Librinova/Auto-édition
Date de sortie : 2020
Edition : ebook 
Pages : 168 pages 
Ma Note : ★★★☆☆
Où le trouver : Cliquer ICI

Un 10 janvier, la communauté scientifique mondiale est complètement dépassée par un évènement inexplicable. L’information est vite relayée par les médias et la population s’agite : plus aucune mort n’est recensée, plus aucune naissance non plus. Les femmes enceintes restent enceintes, les patients dans le coma se réveillent mystérieusement, terminées les maladies et les corps semblent se régénérer après chaque blessure et autres traumatismes. Dans la petite ville fictive de Montsardieu, Louise Klein et son mari Joachim viennent de faire don des organes de leur fils aîné en état de mort cérébrale, malgré les réticences de leur cadette Judith. Rose Berain vivait de plus en plus mal cet Alzheimer qu’on lui avait diagnostiqué. Son mari Jacques constate que ses folies passagères disparaissent et s’en réjouit. Tandis que leur petite-fille, Marie Berain, montée à Paris, se prépare à une carrière de médecin légiste dans un monde où on ne meurt plus.

Cinq ans plus tard, le monde s’est résigné à ne plus mourir. Mais également à ne plus donner naissance. L’euphorie est passée, laissant place à des anxiétés de plus en plus prégnantes dans les foyers. Certains parlent de génération figée. D’autres n’en parlent pas.

Cette dystopie très intéressante aborde un sujet sensible, celui de la vie et de la mort, ainsi que de la peine de mort. Jeremy Wegmann propose donc une réflexion éclairante sur une question qui divise déjà actuellement notre monde.

Cependant, j’ai regretté que le roman se concentre sur un petit groupe de personnes dans un petit village plutôt que d’explorer différents personnages dans des endroits différents du monde, ou tout du moins, en France. J’ai également trouvé dommage que l’effort fourni par les corps médicaux et scientifiques pour résoudre ce casse-tête ne soit pas suffisamment mis en avant. Les psychologues semblent résignés à traiter les symptômes de cette nouvelle épidémie de « non-mort » plutôt que d’explorer des pistes plus profondes en cherchant peut-être des clés dans l’inconscient de leurs patients. Il manquait donc pour moi un aspect davantage scientifique, même si je n’y connais absolument rien.

Même les personnages semblent résignés à leur sort, et l’humanité semble accepter cette nouvelle composante de l’existence sans trop de questionnements. A l’exemple du personnage de Claire dans la série Heroes, qui ne meurt pas non plus, mais qui elle semble intéressée par le faire de voir jusqu’ou elle peut repousser les limites de son nouveau pouvoir (à savoir un corps qui ne cesse de se régénérer). Dans Génération figée c’est un peu l’inverse, l’humanité semble en accord avec cette nouvelle composante de la biologie : « nous ne mourront pas, ok parfait, merci, au revoir. Cela m’a semblé un peu difficile à comprendre…

Je n’ai apprécié aucun des personnages (Ce n’est pas si inhabituel chez moi vous le savez depuis le temps que vous lisez mes chroniques) et particulièrement le personnage de Judith qui est un véritable rouleau compresseur pour le moral de ses amis et de sa famille, et cela a été un peu pesant à la longue.

En revanche, le roman explore de manière très approfondie et avec brio les différentes réactions et émotions face à un problème majeur qui touche l’humanité. Jeremy Wegmann réussit à toucher la corde sensible à plusieurs reprises, en explorant tous les cas de figure possibles. On rencontre des personnes qui nient le problème, d’autres qui tentent d’avancer tant bien que mal, et d’autres encore qui ont baissé les bras et tentent de se détruire sans y parvenir.

L’auteur nous offre une réflexion profonde sur la manière dont les gens réagissent face à l’adversité et à la perte, ainsi qu’une exploration très fine de la psychologie humaine. Les réactions des différents personnages sont très bien travaillées et nuancées, et il est difficile de rester de marbre face à autant de tristesse et de destinées coupées dans leur élan.

Le roman est également très bien écrit, avec des images fortes qui restent en tête longtemps après la lecture. C’est un livre qui émeut, bouleverse et interroge sur notre propre rapport à la vie et à la mort.

Pour finir, si le roman se concentre principalement sur les émotions soulevées par ce bouleversement sociétal plutôt que sur les conséquences pratiques. Ce livre est plus une réflexion psychologique sur une question fascinante qu’est la mort plus qu’une dystopie telle qu’on l’entend généralement.

Laisser un commentaire